Je trottine derrière lui jusqu’à la cuisine. Misère. Dans tel écrin, je veux bien cuisiner chaque jour, y compris pour Léon. Rien ne peut y être ordinaire et jusqu’à ouvrir une boîte de Ronron doit y paraître délicieux.
– Je suis très fier de ma cuisine, dit M. Ozu avec simplicité.
– Vous pouvez, dis-je, sans l’ombre d’un sarcasme.
Tout est blanc et bois clair, avec de longs plans de travail et de grands vaisseliers emplis de plats et de coupelles de porcelaine bleue, noire et blanche. Au centre, le four, les plaques de cuisson, un évier à trois vasques et un espace bar sur un des accueillants tabourets duquel je me penche, en faisant face à M. Ozu qui s’affaire aux fourneaux. Il a placé devant moi une petite bouteille de saké chaud et deux ravissants godets en porcelaine bleue craquelée.
– Je ne sais pas si vous connaissez la cuisine japonaise, me dit-il.
– Pas très bien, réponds-je.
Une vague d’espoir me soulève.