Où sont la mûre et la prunelle
Lime varech âpres délices
Et l’enfance qui sait errer
Sur des épines plus petites
Que le bois ramassé pour rien
Où sont les noix
Dont on ne casse pas la coque
Où est la bête au manteau froid
La lie la mort des fruits
Qui fertilisera les nèfles
Un vent très doux
S’affale sur les fleurs trop mûres
Azure le sein du cassis
S’enivre de l’odeur des coings
Est-ce la transparente mue
Qui déçoit les voleurs dans l’arbre
Va-t-on donner son sang pour rire
Le rêve manger l’immangeable
Sortir fier d’un palais penaud.
Paul Eluard (in Les Mains Libres, illustré par Man Ray)