8 mai 2008
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14:30
Je suis enfin allée déjeuner chez L et lui, depuis un peu plus d'un an qu'ils sont ouverts !! Il faut dire que le concept n'est guère SA tasse de thé, il n'aurait pas apprécié. Et dire que Stéphane Riss (Cuisiner en Ligne) m'avait confirmé (l'an passé à Chateauneuf de Gadagne) dans mon envie irrésistible de découvrir cet art de cuisiner et cet art de vivre d'un couple un peu hors norme (en tout cas, pour la petite ville de St Paul Trois Chateaux). Longtemps j'ai hésité à y aller seule et puis l'amie des restaurants parisiens (celui-ci et celui-là notamment, ma belle si tu n'as pas lu les compte rendus, c'est le moment où jamais, il n'y a qu'à cliquer !) est venue prendre le soleil de Provence. Ni une, ni deux, une réservation express et nous voici aux portes du paradis...
Ensoleillée, la courette qui nous invite au farniente. Tout sourire, la jeune femme qui nous convie à la dégustation de ses plantes. Elle (L !), c'est donc Cathy qui s'occupe de 4000 m2 de plantations et d'une serre de 200m2 ! Des aromatiques, plantes sauvages, fleurs et légumes rares ou pas, y sont cultivés de façon raisonnée ou en bio, en tout cas dans le respect de la nature.
La surprise ici est de mise : dans l'assiette, on découvre des sensations, textures et saveurs peu courantes voire inconnues. Cette surprise est double puisque la carte n'existe pas. On choisit, 2 ou 3 plats, il y a une carte des vins mais la dégustation est "aveugle" et changeante. Vous savourerez la même chose que votre voisin(e) de table, mais vous ne goûterez pas forcément aux plats de celui de la table d'à côté ! Vous découvrirez au fur et à mesure et Cathy, qui sert donc en salle, vous expliquera ce qu'il y a dans votre assiette...
En cuisine, c'est Cédric Dénaux qui officie au gré des récoltes de sa compagne et de son inspiration du jour. Du coup, le concept est en réel adéquation avec la nature et s'adapte aux saisons et à la météo... Si Cédric connaît Stéphane, c'est qu'il fait partie de l'association de chefs Génération.C, voici ce qui caractérise également le couple, une ouverture sur le monde, sur autrui, sur les autres façons de s'alimenter... Ils aiment ce qu'ils font et ils aiment le partager.
Mais brève de bavardage, place à la découverte...
Première étape gustative, une mise en bouche fleurie avec une crème kéfir à la nigelle et au gomasio : fleur de moutarde, fleur de sauge, feuille de salade sauvage (j'ai noté phonétiquement "guesse", mais introuvable), fleur de molène.
Puis l'entrée se composait un velouté concombre/fenouil aux fleur de lilas (un peu mièvre mais les fleurs de lilas apportaient une touche vraiment intéressante), de ravioles aux carottes rouges, pur délice, et d'un méli-mélo de salades à la vinaigrette de carotte qui valait son pesant d'or !
J'ai adoré ces salades et la vinaigrette était absolument délicieuse, dans cette dégustation végétale, voici ce que l'on pouvait croquer :
de la stévia, mon coup de coeur (et celui de mon amie également !), véritable révélation que cette salade sucrée aux arômes très frais en bouche, presque mentholés (en croquant certaines feuilles, j'avais aussi une sensation comme de lait de chèvre, mais là, on m'a prise pour une folle !)
Des feuilles de capucines, plus classiques mais si jolies...
Le perille ou persil de Nankin que les Japonais appellent shiso (mais il ne ressemble pas à celui que j'ai, ses feuilles sont moins dentelés, il n'a pas cette apprence "fripée", ce doit être une variété voisine...)
Le népéta, une variété de menthe très poivrée que j'ai adoré !
Et un genre de tétragone (là encore, cela ne ressemble pas du tout à la tétragone que j'ai pu faire pousser...).
Bref des découvertes vertes (euh, désolée) mémorables !
Venait ensuite le plat : un roulé feuilleté (filo) de lapereau aux fleurs de soucis, haricots verts et deux céleris. Un peu terne le lapereau, il aurait mérité des herbes plus classiques de Provence... En revanche les céleris, notamment le rave étaient à se damner ! Incroyables saveurs et fondant fabuleux !
Enfin le dessert, hélas, la photo n'y est pas, j'en suis désolée car c'était plutôt divin ! Cette variation autour de la fleur de thym comportait un moelleux chocolat/fraise, une sauce pralinée aux fleurs de thym et aux graines et un sublime "paco" (du nom du célèbre ustensile de cuisine), comprenez une émulsion glacée hyper légère, aérienne et fraîche à la poire et à la rhubarbe.
Comme nous sommes de grandes curieuses (allez, je me suis laissée fléchir une fois de plus par cette incorrigible gourmande), nous avons souhaité déguster le dessert de notre voisin, mission impossible. Au lieu de ça, deux autres desserts inédits, l'un autour de la fleur de sureau, l'autre autour de l'acacia.
La première est une soupe de fraise et nashi au sirop de sureau sur pana cotta de pissenlit.
Evidemment très légère, voire diététique, un très bel accord...
La seconde, une crème au chocolat et aux graines, panna cotta de fleur d'acacia, dés de mangue et fleurs d'acacia. Un peu moins intéressant et surtout, fin de repas oblige, les papilles ne sont plus si excitées qu'au premier dessert !
Y retourner absolument, je suis sûre que plus d'une m'y accompagnerait cette fois ! A noter aussi la visite possible de l'exploitation et bientôt des ateliers de cuisine, à suivre...
Le restaurant L et lui et le blog