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recettes, gastronomie et vin, histoire et économie des produits et filières, terroirs et tradition culinaires, actualité et innovation alimentaire, chefs et lieux...

Tiens, voilà du boudin !

Les origines du mot "boudin" sont obscures : il est tantôt rattaché au radical bod- indiquant quelque chose d'enflé, tantôt à "bedaine", de l'ancien français "boudine", signifiant "gros ventre" ; une chose est sûre, la dénomination est liée à sa forme !


Très ancienne, la préparation du boudin vient sans doute d'un cuisinier de la Grèce antique. Considéré comme un plat "canaille" au Moyen-Age, le boudin noir était consommé dans les tavernes. La fabrication du boudin noir à des fins commerciales était interdite sous le règne de Saint-Louis car "c'est périlleuse viande" : le sang est favorable à la multiplication des bactéries ! En 1409, des "faiseurs de boudin" furent jugés pour avoir contrevenu aux ordonnances mais le procureur les autorisa à poursuivre leur fabrication durant la durée du procès, à condition qu’ils se fournissent à la Boucherie de Paris. Il est probable que la pratique se poursuivit dès lors avec la complicité des bouchers du Châtelet…

Plus tard, la production du boudin noir fut l’apanage des charcutiers ou des tripiers. Cette dernière profession a la particularité de n’exister qu’en France et de valoriser (avec les boyaudiers) exclusivement les abats rouges et blancs. Elle naît à la fin du XVIIIème siècle, période à laquelle les bouchers cèdent la production des produits "tripiers" à cette nouvelle corporation.

Le boudin noir se compose de sang et de gras de porc auxquels s’ajoutent le plus souvent des oignons (certains y mettent aussi d’autres ingrédients : crème ou lait, liqueur ou alcool, céréales, mie de pain, herbes ou légumes, aromates divers, couennes, épices, parfois même oeufs…). Le mélange est poussé dans un boyau, le plus souvent de menu ou chaudin de porc, menu ou droit de boeuf, ou baudruche, selon la spécialité, puis cuit.

Lors de la tuade peu avant Noël, on péparait une boudinée conviviale, et l'on réservait le boudin aux repas de fête.
Lors de la saignée du cochon, on récupérait le sang dans un chaudron ou un seau et on le mélangeait avec un peu de vinaigre pour éviter qu’il ne coagule ; il devait être battu jusqu’au moment de la cuisson. Les pratiques n’ont guère changé et les productions artisanales restent identiques au savoir-faire traditionnel.

Un porc de 120 à 130 kilogrammes donne généralement de douze à treize litres de sang, précieusement recueilli, mis en boyau et cuit pendant une vingtaine de minutes.

Il existe autant de types de boudins noirs qu'il existe de fabricants qui l'assaisonnent différemment. Au fil des siècles, le boudin noir a ainsi donné naissance à de très nombreuses spécialités régionales, voire locales (avec des pommes en Normandie, des châtaignes dans le centre ou de la crème à Lyon). On trouve également des spécialités mêlant sang et abats de porc comme la fressure en Vendée, le galabar dans le Sud-Ouest (sang, têtes de porc entières avec couenne et éventuellement langue, poumon, cœur additionnné de pain) ou le boutifar catalan (équivalent au précédent mais sans adjonction de pain).
Le boudin noir est un mets sans frontière que l'on retrouve dans plusieurs pays d'Europe : "Blutwurst" en Allemagne, "ugliarkis" en Russie, "morcilla" en Espagne, "sanguinaccio" en Italie…

En France, les amateurs sont légion, la production de boudins noirs s'élève à près de 15 000 tonnes par an et on ne compte plus les foires aux boudins à travers l’hexagone !

Selon un conseil qui avait déjà cours au Moyen-Age, le boudin doit être piqué avec une aiguille avant d'être cuit. Le boyau naturel est de plus en plus rare, on trouve le boudin le plus souvent dans une enveloppe synthétique qui augmente les risques d’éclatement. Pour éviter ce type de désagrément, il faut poêler dans un mélange huile-beurre, mousseux et d’une belle coloration noisette. Le boudin doit caraméliser et l’on doit obtenir une croûte pour éviter « l’explosion » tant redoutée. Le secret, c'est de le faire à feu infiniment doux.

Le boudin se déguste le plus souvent grillé à la poêle (cinq minutes suffisent généralement) ou en brochettes au four, associé à des pommes cuites, des oignons frits ou encore une onctueuse purée « maison » (les pommes de terre se marient idéalement au boudin noir, quelque soit leur préparation). Autre excellent accompagnement, le chou (vert, de Bruxelles…) qui aidera à fixer le fer apporté par le boudin. Certains l’apprécient, comme l’andouillette, assaisonné de moutarde.

Pour changer de cette consommation on ne peut plus classique, on peut le cuisiner en tarte, en feuilleté, en omelette, dans une galette de sarrasin ou en « hachis parmentier ». Marié à certains produits de la mer (coquilles St-Jacques notamment), ce produit rustique acquiert un supplément de sophistication. Il peut aussi servir de base à des farces particulièrement goûteuses ou des sauces épaissies et relevées. Idéal pour les volailles ou gibiers à plumes… Il remplace enfin le sang dans les civets...

A l'apéritif, le boudin noir se consomme en fines tranches crues, accompagné d'un verre de pommeau ou de poiré, voire de cidre. On peu aussi le déguster avec un Beaujolais, un Côtes du Rhône ou un vin rouge de Loire.


Quelques recettes et associations culinaires ?

Hachis parmentier de boudin noir

Tartine de boudin noir à la rhubarbe

Risotto au boudin noir et romarin

 Et ailleurs parmi les blogs, quelques coups de coeur...

Pomme au four au boudin

Agneau farci au boudin (testé avec un roulé d'échine de porc)

Ou encore St Jacques, boudin, endives et condiment d'agrumes

 

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L
Dans ma famille des Hautes Pyrénées, on prépare bien sûr du boudin lors de la tuaille du cochon. On y met le sang, la tête, les poumons, les couennes et les gros viscères, des échalotes, des épices (beaucoup de poivre) et quelques autres petits trucs. Etant habituée à ce luxe, je n'aime que le très bon boudin artisanal ;-)On le mange froid en entrée avec du bon pain (et éventuellement de la moutarde) ou alors, plus rarement, grillé à la cheminée. Rhaaaaa, ça me donne envie d'y aller, tout ça !
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S
Merci pour ce petit "cours" et surtout pour toute ces bonnes idées.Nous adorons ça et le mois prochain on tue le cochon chez mes beaux-parents ... vas y avoir du boudin !!!Bisous.
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A
<br /> Je dois avouer que je n'aime pas du tout le boudin... Sa consistance et sa texture mousseuse ne me conviennent pas. Par contre j'adore notre boudin polonais, la KASZANKA… Serait-ce un patriotisme mal placé ?;) <br /> La fabrication de la kaszanka est semblable à celle du boudin avec, pourtant, une différence essentielle. Elle est épicée de manière particulière, et surtout, on y ajoute du sarrasin, de qui lui confère une consistance plus solide, que l'on peut rapproche de celle d'une saucisse. Et ce parfum, lorsque on la grille dans une poêle... :)<br />  <br /> Ton histoire est très intéressante. Merci :)<br />
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H
Ce week-end, je tente St Jacques et boudin. Tu auras mes impressions lundi.
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M
Merci pour ce petit historique sur le boudin. Te souviens-tu de mon post au sujet du boudin noir Bruxellois, la bloedpanch?Juste une remarque:il y a aussi des tripiers en Belgique. J'en connais quelques uns.
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C
oh là qu'est qu'on devient savante avec toi, bises
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C
j adore le boudin aux oignons.... etalé sur du pain un soupçon de chapelure et un tour sous le grill...en tout cas j adore!!merci  pour les idées !kissss
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R
J'adore le boudin qu'il soit français, suisse ou anglais! Miam!Bises,Rosa
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