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Charles de Habsbourg devenu Charles Quint, empereur germanique régnant au début du XVIème siècle sur une grande partie de l'Europe, a connu, on s'en doute, une existence hors norme. Son alimentation (qui nous intéresse ici), également était hors norme...
Né avec une déformation importante de la mâchoire qui s'est accentuée avec l'âge, il aurait pourtant du, avec une hygiène dentaire tellement sommaire, soigner ses menus et privilégier soupes et entremets ! Fi donc, était-ce là l'alimentation d'un monarque ?
Suivons l'historien Philippe Erlanger dans la peinture qu'il trace de l'empereur :
"Appétit est trop peu dire. Avec le temps, la voracité de ce chasseur qui a perdu le goût des grandes chasses, de ce cavalier qui préfère son bureau à son cheval, prend des proportions déconcertantes. Seule sans doute la science d'un psychiatre découvrirait à quelles ambitions irréalisables, à quelles aspirations démesurées, Charles trouve une diversion en dévorant ses omelettes aux sardines, ses daubes l'alalunga (thonc blanc pêché à Malte), ses grives au genièvre, ses anchois pilés dans l'huile, ses chevreuils, ses rôtis de sanglier, parfois de renard, ses dindons envoyés de Mexico, ses soupes au lard, ses marinades pleines d'épices. Tout cela doit être en effet violemment assaisonné, pimenté. Le baron Falconetto, maître de l'Hôtel, se désespère de ne pas découvrir d enouveaux condiments propres à satisafaire son maître. (...) Par miracle, les nourritures à peine mastiquées, en raison de la maudite mâchoire ne déposent pas de graisse en ce corps malingre, mais elles infligent au goinfre d'autres châtiments, et d'abord la goutte."
En dépit d'avis médicaux, l'empreur ne change en rien ses habitudes alimentaires et la gourmandise restera intacte durant tout son règne...