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recettes, gastronomie et vin, histoire et économie des produits et filières, terroirs et tradition culinaires, actualité et innovation alimentaire, chefs et lieux...

Les secrets de la gâche vendéenne...

Quelle est donc la spécificité de la gâche, cette "brioche" dense et à la croûte un peu molle, originaire de Vendée, différente de la brioche tressée du même terroir ? L'ajout de crème fraîche certes, une quantité égale de sucre et de beurre, sa forme de bâtard fendu, une pousse lente (on trouve couramment une fermentation au frais durant une nuit entière) mais aussi apparemment la cuisson : le secret résiderait dans une cuisson en deux temps et deux températures, avec l'entaille du bâtard réalisée entre ces deux temps de cuisson, selon un échange trouvé sur ce forum. Le recette dévoilée était celle-là, mais la première testée ici (chrolologiquement mais ici présenté en 2ème position...) est cette autre tandis que ma première tentative de gâche avait été celle de Sandra Avital (le pétrin), plutôt exquise de mon point de vue.
J'ai donc testé cette double température et pas de doute, cette recette-là est fameuse, plus moelleuse en bouche. Je ne suis toutefois pas convaincue par l'entaille qui se fait, je trouve, trop tardivement. A moins que mon four ne soit trop chaud...

Voilà pour la recette "moderne", mais jadis, on utilisait de la pâte à pain déjà levée, fermentée, pour l'élaboration de la gâche. Cette tradition d'un pain enrichi, confectionné durant la période pascale, date du Moyen-Age. La recette a évolué d'une mie très dense à une mie plus aérée aujourd'hui...
Pour faire honneur à la recette traditionnelle originale (même si évidemment, d'une famille à l'autre, les proportions différaient), j'ai testé la recette d'un livre d'une collection que j'aime beaucoup pour ses recettes de terroir autant que ses photos d'époque : Recettes vendéennes de nos grands-mères d'Yves Bielinski (Editions CPE). Je l'ai revue et corrigée en diminuant les proportions par deux, en remplaçant le rhum par moitié cognac, moitié eau de fleur d'oranger, et en ajoutant quand même de la crème fraîche qui ne figurait pas (2 cuillères à soupe).
La mie est un peu plus dense et la gâche a séché plus vite, je trouve. Mais j'ai eu le mérite d'essayer (c'est un peu plus physique). Je vous donne quand même la recette même si ma préférence va à la seconde...
NB Pour la cuisson et les temps de fermentations, j'ai fait ici deux essais : l'un en fermentation "froide", toute la nuit, puis repos 4 heures à température ambiante, le second, repos 6 heures avant cuisson (comme  dans la seconde recette), sans différence vraiment notable. Ensuite j'ai opéré selon la cuisson double. En revanche, j'ai laissé peu de temps à "haute température" avant d'entailler les gâches. Le résultat (si vous plissez les yeux sur la photo ci-dessous) est une entaille plus marquée, plus jolie...

Ingrédients
- 5 oeufs battus
- 1 kilo de farine
- 300
grammes de sucre
- 250 grammes de beurre
- 250 grammes de pâte à pain fermentée*
- 20 g de sel
- 10 cl de rhum
*250 grammes de farine, 10 grammes de levure fraîche, 1/2 cuillère à café de sel, eau tiède, pétrie et mise à lever environ 2 heures couvert d'un torchon.

Préparation
Mélanger les ingrédients et pétrir avec force pendant 15 minutes. Laisser fermenter 3 heures en rabattant la pâte au milieu de la fermentation. Donner à la pâte la forme d'un pain court et laisser lever dans un lieu abrité. Badigeonner la surface à l'oeuf, inciser le pâton et enfourner à 180°C.

Seconde recette

Ingrédients
- 550 gr de farine
- 1/2 càs de sel fin
- 2 petits oeufs + 1
(ou du lait...) pour dorer
- 110 gr de sucre en poudre
- 110 gr de beurre
- 1,5 càs de crème fraîche
- 120 ml de lait tiède
- 25 gr de levure de boulanger
- 1/2 gousse de vanille
- 1 càs d'eau de vie
- 1 càc d'eau de fleur d'oranger


Préparation
Faire bouillir le lait avec la 1/2 gousse de vanille fendue en deux et laisser tiédir.
Verser la farine tamisée dans un grand récipient et creuser un puits dans lequel on ajoutera le sel, les oeufs, le sucre en poudre et le beurre ramolli coupé en morceaux.
Délayer la levure dans un verre de lait tiède.
Travailler la pâte en ajoutant peu à peu le reste du lait. Pétrir plusieurs minutes.
Dans un autre récipient, verser et amalgamer la levure délayée, l'eau de vie, la crème fraîche et l'eau de fleur d'oranger.
Incorporer cette préparation à la pâte et travailler jusqu'à ce qu'elle soit souple et élastique.
Couvrir le plat avec un linge et laisser lever pendant 6 heures dans un endroit tiède.
Fariner la plaque du four et façonner la pâte en forme de miche. Laisser lever encore 1 heure directement sur la plaque. Dorer la surface de la gâche avec du lait.
Enfournez à 200°C (th.6), à mi-hauteur en utilisant deux températures de cuisson : en effet au début celle-ci doit se faire à température élévée pendant environ 20 minutes (ce qui est trop long pour une entaille bien marquée, je vous conseille de tester 10 minutes),  tandis que la fin se fera à température douce (150°, th.4).
On entaille la gâche dans la longueur, avec un couteau à mi-cuisson, au moment où l'on abaisse la température du four.


Conclusion : la seconde recette est la meilleure à mon goût mais on peu toujours perfectionner, notamment pour la cuisson, en conservant la double température et en raccourcissant la première phase de cuisson de façon à avoir une entaille plus marquée... A retester donc !

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K
Bonjour... je suis en train de faire cuire ma gâche selon la seconde recette... mais autant vous indiquez que la première cuisson doit durer 10 ou 20 minutes pour une belle entaille, autant la durée de la seconde cuisson n'est pas indiquer... je vais tenter de la mettre 30 minutes en la surveillant de très près... en tout cas, la gâche est énorme et embaume d'ores et déjà la maison... une seconde gâche est en cours de pousse pour mes collègues demain!!! Merci pour cette belle recette !
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T
Bonjour, au final était-elle réussie ?
F
Hum ! Au petit déjeuner avec un peu de beurre salé ca doit être un régal !
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M
Bonjour Tiuscha, je l'ai déjà parcouru en librairie le petit livre dont tu parles, mais pas acheté car j'en possède un d'une autre collection, Geste Edition, la cuisine traditionnelle par Marie-Aymée Bridonneau.Je n'arrive pas à mettre la main dessus ce matin (il devient urgent que je réorganise ma bibliothèque culinaire, j'ai trop de livres et ne m'y retrouve plus !!). J'ai par contre regardé dans le petit livret bleu des femmes de l'Ile d'Yeu, il n'y a pas de recette de gâche mais une de merisse, recette locale avoisinante de la gâche que j'ai déjà réalisée sur mon blog, tout comme la fouace qui s'y apparente elle aussi.Dans les deux cas je ne vois pas de cuisson en deux temps ; pour ma part j'ai essayé une recette il y a quelque temps qui m'avait été donnée par un ami, ancien boulanger-patissier. J'avais fait lever la pâte toute la nuit au frais et entaillé juste avant d'enfourner. Le résultat avait été plutôt satisfaisant.Comme tu dis, il y a beaucoup de versions, il n'est pas évident de s'y retrouver. On retrouve cependant toujours les mêmes bases d'ingrédients avec notamment la crème. Je m'attache en ce moment à essayer de retrouver les gestes traditionnels auprès des anciens et je vais d'ailleurs filmer prochainement ma maman pour une recette de caillebottes.Bonne journée,
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M
je suis si près de la Vendée que la plupart des patissiers en vendent ici, j'ai la flemme de m'en faire...Mais ou tu es, ça doit se faire rare dans le commerce!
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M
Alala, moi aussi j'en ai fait une de gâche vendéenne, le bille traîne dans mes tiroirs depuis le mois d'août, bon allé, il faut absolument que je le mette en ligne!!!
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S
Pro-seconde recette également ! 
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A
réapprendre les gestes qui font l'authenticité d'une recette régionale est toujours particulièrement dur, je trouve: on trouve toujours quantité d'erzats qui, à force, en ont dénaturé l'idée qu'on s'en fait. Et même quand ce n'est pas le cas, être capable de trouver les petits trucs qui permettent d'approcher la recette tant aimée est une gageure! tes deux recettes semblent illustrer tout cela, et bien que tentée par la version très authentique, je me permettrai de me fier à tes conseils et d'aller directement vers la seconde, tant je boulange peu: mieux vaut aller vers le plus sur!
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M
bon ben, il ne me reste plus qu'à me lancer, je suivrais la 2e recette
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D
Merci pour toutes ces informations, justement cette pâte m'intrigue depuis un bout de temps mais je n'ai jamais essayé. Là, tu m'encourages!
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L
Elle est quelque peu plus bronzee que celle que j'achete en Vendee lorsque je reviens de Charente mais je n'ai encore jamais essaye d'en faire moi-meme, je devrais! Merci pour la recette.
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