Le vin chaud aux épices est un cocktail d’hiver, répandu dans tout le nord-est de l’Europe, et pas seulement dans les pays froids : Glühwein en Allemagne, Roumanie "vin fiert", en Polonais "grzane wino" ou "mulled wine" en Grande-Bretagne, on le trouve aussi en Belgique, aux Pays-Bas et jusqu’en Italie, où l’on boit le « vin brûlé » dans les Alpes Italiennes…
Au solstice d’hiver, c’est glögg !
On en boit également en France où il était jadis nommé « vin à la française », notamment en Alsace, vin roi des marchés de Noël ! En Scandinavie, c’est le glögg suédois (gløgg), déjà évoqué ici, ou le "glögi" finlandais. Le vin épicé et sucré a probablement pour ancêtre l’hypocras, ce vin miellé du Moyen-âge… NB selon les régions, on réalise ce vin chaud à base de vin rouge ou blanc, voire de cidre… On peut même imaginer une boisson épicée de Noël sans alcool pour les enfants !A la fête du Solstice d’hiver…
Yule (jul, joulu) est célébrée le 21 décembre dans l’hémisphère nord* comme étant la nuit la plus longue et le départ d’une nouvelle saison, celle qui voit la lumière renaître et les jours rallonger. Dans les anciennes religions germano-scandinaves, Yule fête à la fois le retour de l’astre solaire, les dieux anciens qui béniront la récolte future et les ancêtres de la maison auxquels on demande protection pour la lignée et l’ensemble des descendants à venir…
Yule durait alors 12 jours : on faisait brûler de grandes bûches (Yule log), dont la flamme symbolise la lumière du soleil, une tradition qui s’est exportée jusqu’en Provence avec le cacho fio ; on mangeait du cochon (resté la viande la plus consommée au Danemark) et l’eau y était sacrée ou changée en vin. Est-ce là qu’il faut trouver l’origine du glögg ?
*21 juin dans l'hémisphère sud...
Le glögg, de longue tradition
Etymologiquement, le glögg signifie (vin) chauffé, recuit : la tradition voulait en effet que l’on flambe l’alcool qui coulait ensuite sur des morceaux de sucre fondant alors dans le vin chaud. C’est une technique que certains emploient encore…
On devrait la tradition du vin chaud en Suède au roi Gustav Vasa (XVème siècle - voir photo ci-contre), qui appréciait le Klaret, du vin du Rhin associé à du sucre, du miel et des épices (cannelle, gingembre, cardamome et clous de girofle). La tradition du glögg est liée aux fêtes de Noël depuis le XIXème siècle, chaque marchand vendait alors sa recettes de vin en bouteille pour la fin de l’année… Aujourd’hui, il se produit en Suède 6 millions de litres de glögg en Suède (artisanal sur les marchés ou en bouteilles). On le déguste durant tout l’Avent, avec des pepparkakor (petits biscuits épicés dont vous trouverez ici une recette lettone) et du fromage persillé, genre bleu ; à la Sainte Lucie, on grignotant des lussekatter, brioches au safran en forme de « S »...
Une recette de glögg
Voici une recette de base, mais rien de vous empêche de modifier les proportions… pour environ 1 litre de glögg, prévoir une bouteille de vin rouge, 200 ml de porto, 200 ml d’aquavit (à défaut, de la vodka), 20 gousses de cardamome, 6 clous de girofle, 2 bâtons de cannelle, 1 cuillère à café de gingembre frais émincé, 80 grammes de sucre, 1 cuillère à soupe d’écorce d’orange (le zeste seulement, pour éviter l’amertume). Faire chauffer (ou flamber) l’aquavit (ou la vodka) et porter à ébullition avec les épices, sauf la cannelle, laisser frémir 10 minutes. Ajouter le vin rouge, le porto et la cannelle, laisser sur feu doux 30 minutes (à peine à frémissement et surtout pas à ébullition). Ajouter 50 grammes de raisins secs et 50 grammes d’amande mondées et maintenir sur feu doux 10 à 15 minutes. Servir bien chaud dans des petits verres. Skål !
NB Le glögg peut à l'occasion se tranformer en gâteau ou en dessert à l'assiette, une poire pochée sur pain d'épices, compote de fruits secs, comme un glögg à manger...
Article déjà publié l'an passé sur Fureur des Vivres.