Remonter le cours de la Loire en faisant halte dans des prestigieux sites historiques, merveilleux châteaux, jardins à la française, douceur angevine... Et s'arrêter dans des caves toutes simples ou creusées dans le tuffeau, caves trogloditiques animées de vignerons pasionnés, et goûter les trois couleurs entre Cheverny et Amboise, de Chinon à Saumur... Telle fut ma première expérience culturelle et gastronomique le long de la Loire : Saumur-Champigny friand et vieux Chinon, rosé sucré d'Anjou, chenin habillé de fruits soyeux ou de vivacité lutine, entre caresse voluptueuse et gifle pleine d'esprit et de subtilité !
Puis, j'ai suivi leur cours dans les troquets parisiens, le pire comme le meilleur alors... Enfin, j'ai emporté leur plaisir dans une terre d'adoption, leur ouvrant ma cuisine comme un écrin. Car les vins chez moi sont des rois autour desquels un plat naît, seyant et douillet, qui révélera leurs parfums et leur éclat. Je déguste et je leur imagine un partenaire, comme un romancier crée une maîtresse à son héros : quand "les Vins de Loire se mettent à table", ils s'effilent d'abord sous mes narines frémissantes, ils s'égrennent sous mes quenottes, tapissent le palais, font claquer la langue. Une note fumée habillera un Jasnières, une présence iodée titillera le Muscadet, l'asperge trouve Cour-Cheverny à son pied, lequel magnifie un curry de lotte au combawa ; Le rosé d'Anjou aime l'abricot en sucré-salé, comme pour accompagner ce rouget, quand le Chinon rosé trouve harmonie auprès des fruits d'été... Le duo Saint Pierre-bulots encadrés de nori sublime un Valençay. Sur un Coteaux-du-Layon ou un Montlouis moelleux,
le roquefort est un joli compagnon, la mangue et l'agrume, la pomme tatin peuvent faire des merveilles... Le rouge vibre, clair et brillant, sur le boeuf saignant, Saumur-Champigny ou Saint-Nicolas-de-Bourgueil, fruité qui habillera encore un magret aux fruits rouges, un foie de veau au vinaigre de framboise, tandis que les vieux vins de Chinon rivalisent avec les puissants rhodaniens sur une daube ou une fricassée giboyeuse voire forestière. Les pétillants de Loire, festifs et gai-lurons, s'envolent sur de savoureuses tartes exotiques, coings au four, abricots rôtis, avec des tuiles gourmandes ou biscuit de Gênes, arôme de pistache ou d'amande...
Mille et un accords s'offrent au palais curieux, éclectique et gourmet, qui privilégiera l'équilibre préservé, la minéralité et les arômes multiples des vins de Loire.
NB Ce billet participe au Wine Blog Trophy des vins de Loire...