La première fois c'était en janvier 2010 : j'assistais à cette joute culinaire amicale entre 3 jeunes chefs de la région (étendue), sous l'égide d'Eric Sapet chef de la petite maison de Cucuron, et du vigneron Laurent Bréchet, domaine de Vaudieu à Chateauneuf. Une joute en 4 manches pour faire connaître 9 cuisiniers talentueux : après tirage au sort chacun cuisine l'entrée, le plat chaud oule dessert, selon un panier précis, de saison, et en accord avec un vin imposé, de Vaudieu ou d'un domaine invité.
Les Rencontres Gourmandes de Vaudieu ont donc ouvert ce lundi une nouvelle session durant laquelle j'ai retrouvé Amélie. Au programme : champignons, gibier et chocolat Michel Cluizel, partenaire cette année du concours de cuisine.
Les 3 chefs en lice de gauche à droite : Bruno Gourdet, Jonathan Chiri et Julien Pilati
Bruno Gourdet, chef à domicile basé à Théziers, membre des disciples d'Auguste Escoffier, se déplace en France pour concevoir des repas à thèmes. Après avoir suivi le cursus de l'école Ferrandi, il a fait ses armes au Crocodile à Strasbourg et à la Cantine des Gourmets à Paris, entre autres. Il nous a proposé en entrée, une crème aux oeufs à la saveur de cèpes, accompagnée de girolles poêlées et d'une chantilly au lard fumé, servi avec un Chateauneuf-du-Pape rouge Chateau Vaudieu 2008. L'accord est excellent, les saveurs plaisante. Bémol sur la crème un peu trop froide et servi trop copieusement dans un contenant manquant un peu de finesse.
Jonathan Chiri est californien, venu découvrir la cuisine du Vieux Continent, en Allemagne puis en France, à la Mirande à Avignon, en tant que chef de partie et dans l'équipe du Marmiton, l'école de cuisine du restaurant. Il cuisine ensuite au Château de Massillan à Uchaux et dirige depuis 2010 les cuisines de La Verrière, un domaine viticole et hôtelier haut de gamme à Crestet. Durant la saison hivernale, il rejoint la Californie où il dirige une activité d'importation de vins et une affaire de circuits touristiques et gastronomiques (Gourmet Cycling Travel). Jonathan était ici en charge du plat ; il nous a cuisiné un lapin de garenne en duo, rôti et mijoté, avec des légumes d'automne et une réduction de citron confit et d'estragon. Le vin qui accompagnait était un Cassis blanc 2009 du Domaine Le Paternel, beaucoup de fraîcheur, belle rondeur, plutôt minéral. le plat étant travaillé en deux façons, il y a en réalité deux accords mets-vins et donc, une prise de risque que nous avons pris en compte à notre table. D'un côté, les râbles servis avec des cèpes sur une purée de haricots blancs, bien vue, passerelle entre le mets et le vin. Idem pour le citron confit. De l'autre, effiloché de la cuisse, fenouil, olives. Nous avons moins apprécié la présentation, notamment le croustillant de filo, sans grand intérêt sur ce plat. Globalement un bel accord avec le vin.
Julien Pilati est un jeune chef issu d'une famille de cuisiniers et de pâtissiers. Il a fait ses armes entre autres chez Michel Sarran à Toulouse et à L'assiette Champenoise à Reims. Avec son associé Fabien Renault, il a démarré il y a 3 ans une activité de traiteur/chef à domicile , menée en France et à l'étranger, et ont installé leur "laboratoire" à l'Isle sur la Sorgue. Ils viennent de lancer leur restaurant/salon de thé à Avignon, Entre Amis.
Julien Pilati a tiré au sort le dessert qu'il devait élaborer impéraivement à base de chocolat Michel Cluizel. Il a opté pour du lait en duo avec un fruit de saison, le coing : parfait chocolat au lait et bonbon de coing confit. Choix audacieux pour s'accorder avec un Chateauneuf-du-Pape Val de Dieu 2006 du Chateau Vaudieu ! Personnellement j'aurais pris moins de risque avec un noir. Finalement, plutôt un bon accord, qui aurait été probablement magnifié par le même cru en noir. Le dessert est top et très bien présenté : sur un biscuit amande, coings compotés, mousse chocolat au lait et crème brûlée vanille, note de caramel praliné. A côté, coing confit à basse température à la vanille, fourré praliné et enrobé de kadaïf.
NB le cru choisi est un chocolat au lait de Papouasie-Nouvelle Guinée à 47% de cacao.
Alors, avez-vous une idée de qui a pu être le lauréat de cette première session ? Et oui, le dessert a encore gagné ! Il faut avouer qu'il était très réussi, délicieux, un vrai dessert de pâtissier ! Qui augure de bonnes et belles choses dans son salon de thé où j'ai hâte d'emmener mes gourmandes de filles ! Et je pense que ce jeune chef en a encore sous la semelle. A suivre donc !
Quant à Eric Sapet, il représentera la cuisine française et fera connaître certains des produits "sentinelle" de nos terroirs au Salon del Gusto-Terra Madre à Turin ; il organise un repas pour 80 personnes à Fossamo (près de Turin), ce jeudi 21 octobre 2010 : au menu, porc noir de Bigorre, rancio sec du Roussillon,petit épeautre de Provence, pélardon... J'applaudis !
Eric Sapet entouré des 3 jeunes chefs