2 août 2012
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Le monde agricole fut précurseur en matière de grignotage dans les prés et sur les collines : depuis le berger conté par Virgile jusqu’aux paysans de la première moitié du XXème siècle, le repas pris sur le pouce a souvent été de mise, surtout durant la période des moissons. De là à imaginer que le paysan poitevin est à l'origine du courant "street-food", ou de la nourriture vagabonde des campagnes à la nourriture nomade des villes...
Dans plusieurs régions de France, les paysans se groupaient alors pour récolter le blé chez les uns et les autres, à tour de rôle, durant un bon mois… Rentrer le foin rapidement et constituer les gerbes de blé était une priorité et parfois même une urgence, pas question donc de rentrer à la ferme et de prendre un repas à table ! Les paysans d’un ou de plusieurs villages, ainsi que leurs ouvriers agricoles, partageaient donc un casse-croûte quasi coopératif…
Les femmes et les enfants apportaient traditionnellement la nourriture sur place que les hommes croquaient entre deux travaux des champs : des œufs durs, du pain, du fromage, du cochon sous forme de charcuteries diverses et surtout de quoi s’hydrater !
Mon grand-père, paysan de son état dans la Haute Vienne, achetait en cette occasion du vin rouge d’une facture un peu meilleure que son petit rouge «maison» qui devait être malgré tout une piquette quasi imbuvable ! Le vin était servi coupé d’eau très fraîche et bu tout au long de la journée. Il y avait également le «fil-en 4» (ou «fil-en-3», la même version, un ingrédient en moins !) : du café, de l’eau, du sucre et de l’eau de vie, un bon digestif avant d’actionner la moissonneuse.
Et surtout, on mangeait à satiété le miget (ou migi, avec l’accent de là-bas…), un véritable mets consistant, revigorant et rafraichissant, incontournable durant les moissons ! De la mie de pain, du vin, de l’eau glacée (avec ou sans sucre) constituait la base de cet en-cas que l’on mangeait en fin de repas ou que l’on prenait pour combler un creux durant la journée de travail. Mi-nourriture/mi-boisson, le miget se laissait donc dévorer tout au long de la journée.
Le voici revu et corrigé pour une dégustation moins «laborieuse» et plus raffinée !
Le voici revu et corrigé pour une dégustation moins «laborieuse» et plus raffinée !
Couper une tranche de pain rassis (voire de la brioche), ramollir dans un peu d’eau et ajouter un peu de sucre (au goût). Arroser d’un verre de vin rouge, mettre au réfrigérateur quelques heures et déguster très frais ! On peut éventuellement adjoindre quelques fruits rouges…
NB cet article a été publié en 2010 sur le magazine en ligne Fureur des Vivres.