C'est le jour du Beaujolais nouveau ! Banane, fruits rouges ou bonbon anglais 100% Gamay dans un verre sur un bord de zinc... Ce jeudi 15 novembre, on boira à longue goulée (mais avec modération, attention aux excès et fin de soirée sous la table) ces parfums frais, friands et acidulés, qui font le charme tout particulier du vin primeur.
Hier à minuit avait lieu la mise en perce du tonneau, signe officiel des festivités dans les plus petits villages comme dans les métropoles du monde ; le Beaujolais nouveau est à la fois convivialité, fête, tradition dans 200 pays !
Vin d’automne, cette première mouture du millésime existait déjà dans l'antiquité gallo-romaine qui festoyait en trinquant au vin des vendanges, alors plutôt moût que vin... Au Moyen-Age, le vin novel se buvait dans les rues, forme originelle du vin "bouru" cébré à la fin des vendanges dans diverses régions vinicoles de France. Après une récolte précoce et une vinification rapide, la fermentation s’achevait durant le transport par route ou sur barges roulant sur la Saône. A son entrée dans Lyon, le vin nouveau s'avalait dans les bistrots et les bouchons avec gourmandise, devenant le clou de la fête foraine qui avait lieu alors fin octobre dans la "capitale de la Province". Un décret de 1985 fixa enfin au 3ème jeudi de novembre la mise officielle sur le marché des vins primeurs.
Ce sont peu ou prou 115 millions de bouteilles qui seront vendues dans le monde en quelques semaines, dont 35 millions en France, des chiffres qui ont chuté environ de moitié en 10 ans, signe de la crise que traverse le Beaujolais... Toutefois, le succès que connu jadis le Beaujolais nouveau, notamment dans les grandes villes, avait suscité des opérations marketing du caviste à la grande surface ; il avait également fait des émules comme le Côte du Rhône primeur, fêté en Avignon depuis quelques années... Rendez-vous d'ailleurs dans la capitale rhodanienne pour l'événement Millévin, dégustation du millésime nouveau.
En Languedoc-Roussillon, Ardèche et Vallée du Rhône, des viticulteurs avaient à leur tour senti l'aubaine d'un moment de consommation supplémentaire mais le mouvement semble s'essouffler... Depuis, le beaujolais est lancé dans ses autres couleurs, un rosé qui fait fureur au Japon, un pays qui aime décidément fêter le Beaujolais Day ! Et une plus timide version en blanc...
Cette année, pour "puncher" un peu ce rendez-vous annuel, le groupement Inter-Beaujolais unit le vin et la mode dans une opération de communication haute en couleur, féminine et créative avec une vraie robe de couturier pour le Beaujolais Nouveau (voir vidéo ci-dessous) ! Les festivités sont nombreuses du Beaujolais au pays lyonnais, suivre ce fil qui propose de nombreux rendez-vous gourmands...
Le Beaujolais nouveau représente environ 30% de la production de l’appellation (essentiellement Beaujolais et Beaujolais Village). Une cuvaison courte du cépage Gamay et la macération carbonique ou semi-carbonique favorisent l’extraction d’arômes de fruit jeune. Le Beaujolais nouveau se déguste un peu frais, idéalement à 12°C, et idéalement dans l’année. Une robe rouge vif, un nez fruité qui évoque parfois la fraise des bois, sa légèreté en font le parfait vin de soif à partager, un apéritif à siroter… avec modération ! A Toulouse, les effectifs de police seront en renfort dans le centre ville pour éviter des débordements et faire passer d'inévitables tests d'alcoolémie.
Et si le Beaujolais passait à table ? Il accompagne charcuteries, triperie, plats rustiques de vendangeurs, fricassée de champignons et autre pot-au-feu, mais il est aussi le bienvenu pour déguster des cuisines plus exotiques, tartares de poisson et mets épicés. D'autant que c'est un vin voyageur que l'on fête autant à Paris qu'à Shanghai, Barcelone, New-York, Moscou ou Séoul !