Vu le froid, je vous propose un texte gourmand tiré de La maison de Claudine de Colette, narrant la dégustation d'un vin chaud.
Au « débit de boisson » le plus proche, le vin chaud bouillait sur un feu de braise, soulevant sous sa houle empourprée, des bouées de citron et des épaves de cannelle. La capiteuse vapeur, quand j’y pense, mouille encore mes narines… Mon père n’acceptait, en bon Méridional, que de la « gazeuse », tandis que sa fille…
- Cette petite demoiselle va se réchauffer avec un doigt de vin chaud !
Un doigt ? Le verre tendu, si le cafetier relevait trop tôt le pichet à bec, je savais commander : « Bord à bord ! » et ajouter : « A la vôtre ! », trinquer et lever le coude, et taper sur la table le fond de mon verre vide, et torcher d’un revers de main mes moustaches de petit bourgogne sucré, et dire en poussant mon verre du côté du pichet : « Ca fait du bien par où ça passe ! » je connaissais les bonnes manières.