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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 06:34

Les écrivains mettent leur plume au service du grand vin de Champagne de longue date, pour vanter l’inspiration qu’il leur inspire ; ils en abreuvent leurs romans, tantôt pour son caractère festif et gastronomique, tantôt pour son pouvoir de séduction, parfois subversif. Quand ils n’en usent pas comme un remède "médical" ! 

Le Champagne qui délie les esprits et les âmes

Le Champagne est le vin de l’inspiration, qui a su enchanter les poètes russes, les écrivains français et les dandys anglais ! Il enflamme les discussions, nourrit les débats intellectuels et stimule la créativité. Pour preuve le souvenir de Léon Daudet décrivant un repas qui réunissait quelques intellectuels et artistes, dont Mallarmé et Barrès : "Le contact s'établit et Barrès fut étourdissant. Mallarmé lui donnait la réplique, en transposant ses réflexions dans le royaume imaginaire, mi-abstrait, mi-concret, dont il était le subtil et délicieux souverain. À force de faire alterner le champagne doux et le champagne sec, histoire de comparer leurs pointes brillantes, nous étions arrivés à une grande béatitude, à une conception presque musicale - ou du moins nous paraissant telle de l'univers et de la destinée. On se sépara avec mélancolie entre deux et trois heures du matin. "

Homme de lettre et amateur de Champagne, Arsène Houssaye narre dans ses souvenirs de la comédie française : "Nous commençâmes la fête à huit heures du soir, il y eut un souper à minuit. Dumas avait d’abord demandé des femmes, mais les femmes ne vinrent pas. Le souper n’en fut pas moins gai, le vin de champagne raviva la verve. À peine à table, c’était à qui trouverait une scène ou un mot. Verteuil avait son encrier à côté de sa coupe de vin de Champagne. Il lui arriva plus d’une fois de tremper sa plume dans la coupe, mais il ne lui arriva point de prendre son encrier pour y boire." Le même Alexandre Dumas qui prétend mettre une coupe de Champagne à côté de son encrier et souhaite à sa plume une inspiration pétillante !

Le Champagne qui fait pétiller la vie 

champagne_jarretiere.jpgAlfred de Musset qui reconnait volontiers que le Champagne le rend spirituel, écrit dans Confessions d’un enfant du siècle : "Je m'attendais à quelque chose de dégourdi, d'insolent, mais de gai, de brave et de vivace, à quelque chose comme le pétillement du vin de Champagne". L’ivresse que provoque le Champagne est une belle sensation, joyeuse, festive que l’on retrouve chez Honoré de Balzac dans La Peau de chagrin : "Déchaînés comme les chevaux d'une malle-poste qui part d'un relais, ces hommes, fouettés par les piquantes flèches du vin de Champagne impatiemment attendu, mais abondamment versé, laissèrent alors galoper leur esprit dans le vide de ces raisonnements que personne n'écoute, se mirent à raconter ces histoires qui n'ont pas d'auditeurs, recommencèrent cent fois ces mêmes interpellations qui restent sans réponse." Dans Ursule Mirouët, du même auteur, on peut lire "Mais nous noierons dans les flots de vin de Champagne ce petit chagrin".

Guy de Maupassant évoque le plaisir que suscite le bruit du bouchon qui saute dans Pierre et Jean : "Quand sauta le bouchon de la première bouteille de champagne, le père Roland, très excité, imita avec sa bouche le bruit de cette détonation, puis déclara : "J'aime mieux ça qu'un coup de pistolet." Dans Bel-Ami, les personnages entendent bien s’enivrer : "Puis on s’assit, et le maître d’hôtel ayant présenté à Forestier la carte des vins, Mme de Marelle s’écria : — Donnez à ces messieurs ce qu’ils voudront ; quant à nous, du champagne frappé, du meilleur, du champagne doux par exemple, rien autre chose. — Et l’homme étant sorti, elle annonça avec un rire excité : — Je veux me pocharder ce soir, nous allons faire une noce, une vraie noce."

Le Champagne qui séduit

Toujours dans Bel-Ami, Maupassant établit une passerelle aisée à emprunter entre la simple ivresse légère et le désir, que le Champagne fait naître (Giacomo Casanova ne cite-t-il pas le Champagne, comme l’un des atouts indispensables de ses soirées de séducteur ?) : "Et comme la première entrée n’arrivait pas, ils buvaient de temps en temps une gorgée de champagne en grignotant des croûtes arrachées sur le dos des petits pains ronds. Et la pensée de l’amour, lente et envahissante, entrait en eux, enivrait peu à peu leur âme, comme le vin clair, tombé goutte à goutte dans leur gorge, échauffait leur sang et troublait leur esprit".

Dans Nana d’Emile Zola, le Champagne met en exergue le charme de la belle Nana : "Le champagne qu'elle avait bu la faisait toute rose, la bouche humide, les yeux luisants; et le banquier offrait davantage, à chaque mouvement câlin de ses épaules, aux légers renflements voluptueux de son cou, lorsqu'elle tournait la tête."
Toujours dans Nana, le Champagne semble être la boisson idéale à proposer pour séduire et passer pour un gentleman, par la bouche de Fontan : "Moi pas pignouf, moi payer du champagne". Tout comme dans Le Fil du rasoir de Somerset Maugham : "Il l’emmena chez Maxim’s, ce qui lui fit une vive impression. (...) Il commanda une bouteille de champagne, d’où elle conclut définitivement que c’était un gentleman."

pommery
Le Champagne qui met en valeur les mets les plus fins

La sensuelle et gourmande Colette évoque dans son livre En pays connu, "Le champagne (...), murmure d’écume, perles d’air bondissantes" ; elle écrit encore " à travers des banquets d’anniversaires et de première communion, il arrosa les truffes grises de la Puisaye...". Elle précise qu’il faut servir le vin rare dans des verres étroits, puis absorber "à gorgées espacées, réfléchies". Colette apprécie surtout le Pommery qu’elle met en scène dans le Blé en herbe :
- Tu bois quoi, depuis que tu es marié ? demanda Desmond. De la camomille ?
- Du Pommery, dit Chéri.
- Avant le Pommery ?
- Du Pommery, avant et après !
Et il humait dans son souvenir, en ouvrant les narines, le pétillement à odeur de roses d’un vieux champagne de mil huit cent quatre-vingt-neuf que Léa gardait pour lui seul...

Le Champagne qui guérit

Le Champagne est bien connu pour éliminer les petits chagrins et alléger les peines, mais pas que. Marcel Proust prend du Champagne, entre autres, afin de combattre ses crises d’asthme : "Depuis longtemps déjà j'étais sujet à des étouffements et notre médecin m'avait conseillé du champagne quand je sentais venir une crise." Tandis que Colette use du Champagne chaud pour lutter contre la grippe ! "Chère Colette, n'oubliez pas votre champagne chaud contre la grippe. J'en ai tâté une fois, sur votre conseil, et suis resté quarante-huit heures dans la béatitude..." lui écrit Francis Carco le 4 octobre 1945, recette que voici (diffusée dans Marie-Claire en 1940) : "Sacrifiez à sa préparation une demi-bouteille de bon champagne sec que vous ferez bouillir vivement et brièvement dans une petite casserole. Au premier gros bouillon coupez le feu et ajoutez une généreuse dose d'armagnac. Buvez en vous brûlant. Je conseille aux prégrippés de se coucher avant de boire. Car j'en ai vu qui, sensibles à l'alcool et ébranlés par la fièvre, tombaient comme on dit, raides morts. Mais aucun n'a manqué le lendemain, de se relever guéri."

Concluons par ce caractère "brillant" du Champagne que Voltaire associe, dans la satire Le Mondain, à son origine française :

Allons souper.
Que ces brillants services,
Que ces ragoûts ont pour moi de délices !
Qu’un cuisinier est un mortel divin !
Chloris, Eglé, me versant de leur main
D’un vin d’Aï dont la mousse pressée,
De la bouteille avec force élancée,
Comme un éclair fait voler le bouchon ;
Il part, on rit ; il frappe le plafond.
De ce vin frais l’écume pétillante
De nos Français est l’image brillante.
Le lendemain donne d’autres désirs,
D’autres soupers et de nouveaux plaisirs.

NB ce billet a été publié en 2011 sur feu Fureur des Vivres... 
Sources : Maison de Champagne ; Nana d’Emile Zola ; Colette Gourmande de Marie-Christine et Didier Clément

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