Point de pampres au-dessus de mon berceau, Si ce ne fut quelque treille bordant un mur, des tonnelles bien épaisses sous lesquelles la grappe trop ombragée s'étire, maigrit, et ne mûrit que si l'arrière-saison se fait brûlante. Les jours d'automne torrides ne sont pas rares en Auxerrois. Le terroir s'y réclame de la vraie Bourgogne et jusqu'à notre Puisaye étend le rude rayon, la sonore gelée qui sur la Côte-d'Or apprêtent les grands vins. Veuf de ceps, mon pays natal buvait du vin. Le petit bourgogne anonyme y coulait en chopines, en setiers et demi-setiers, en verrinées. Il signait sa présence et sa vogue, sur les tables de bois grattées au tesson de verre, en cercles violâtres indélébiles. Les soirs d'hiver, le vin jeune - six sous le litre - bouillait à pleins pots, et dans son écume rose dansaient la rouelle de citron et l'épave de cannelle, pêle-mêle avec les dix grains de poivre et les radeaux des rôties naufragées.
En pays connu, Colette