Les lasagnes truquées, c'est de l'escroquerie pour abaisser encore davantage les prix, dans une spirale sans fin qui aspire la qualité vers le bas, comme elle aspire les cervelles et les consciences. Mais des farines de porc pour nourrir les poissons ? Est-ce que ça ne frise pas le non sens alimentaire ? On nous dit qu'elles sont saines et que c'est normal, pas comme lors de la crise de la vache folle (et parce qu'on nous le dit, on devrait le croire ?). Parce que les réserves halieutiques ne suffisent plus. C'est sûr, la surpêche, on arrive au bout, après avoir dévasté les océans. Alors pêcher du poisson frais pour les tranformer en farines animales et nourrir de gigantesques fermes aquacoles, c'était le poisson qui se mord la queue, voire le maquereau en colère ! Vous avez déjà vu un poisson bouloter un cochon ? Si au moins on utilisait des insectes, c'est bourré de protéines, n'est-ce pas ? Et sûrement une nourriture d'avenir. Hélas, même les abeilles pâtissent des excès humains en tous genres...
Quid du marché des semences ? Rien de neuf sous le soleil hélas, malgré la résistance des groupes de jardiniers amateurs qui s'échangent leurs graines de variétés anciennes sous le manteau, et les associations alternatives comme Kokopelli. Pour preuve, un producteur de blé ancien, qui cultive d'après d'anciennes souches de blé de meilleure qualité nutritionnelle, est en infraction en plantant lui même ses propres semences au prétexte que son blé ancien ne figure pas sur le grand livre des semences "autorisées". C'est valable pour toutes les souches de vivant, toute la biodiversité réside entre les mains d'une poignée de financiers.Derrière tous ses phénomènes, dont aucun n'est véritablement nouveau (ils reviennent périodiquement, sous forme de crise agricole, de scandale alimentaire comme en ce moment), un seul mot d'ordre : industrialisation. Et derrière, mondialisation, puisque l'un de va pas sans l'autre, selon la logique d'un Monsanto qui veut régner en maître absolu sur les semences, la main dans la main avec les groupes chimiques qui déversent leur flot de pesticides et autres engrais insalubres. Elevage piscicoles ou bovins, même combat : entasser des animaux, les nourrir avec des farines végétales au lieu du bon lin et de l'herbe qui font un gras de bonne qualité, quand ce ne sont pas des cultures transgéniques ou des farines animales... une seule et même logique : le profit.
Alors il existe ça et là des foyers de résistances au tout-industriel. Mais jusqu'à quand ?
Nous devons consommer bon, juste et responsable. En ce qui me concerne, au maximum local. Reste à savoir si on peu le faire quand on doit aussi consommer social... Quid lorsqu'un industriel fait du chantage au licenciement quand les services d'hygiène pointent le doigt ? Suis-je responsable de futurs chômeurs si je boycotte (nb l'appel au boycott d'une marque est interdit par la loi) ? Quel mode de résistance ? Avec ou sans dommages collatéraux ? Et par l'illégalité, s'il le faut ?
Soutenons l'agriculture paysanne, consommons des produits de saison, au maximum locaux et propres, bios ou "raisonnés" ; soutenons les artisans et les cuisiniers qui sélectionnent des produits de qualité, et qui les mettent en valeur.
Pour aller plus loin, je vous recommande vivement cette lecture, d'un journaliste (magazine d'actualité Marianne) qui résiste encore et toujours...
Précisons que Périco Légasse fut également l'un des chefs de file de la bataille du fromage au lait cru, relayée de façon modeste sur ce blog. Après le Dictionnaire impertinent de la Gastronomie devraiet paraître un second opus dans la même veine, dédié au vin...